Un mot d'histoire
L'histoire du logement social est indissociable de l'évolution économique, politique et humaine du pays. Cet héritage de notre patrimoine républicain s'impose comme un élément majeur du pacte social d'aujourd'hui.
L'histoire du logement social en France est étroitement liée à celle de la révolution industrielle. Entre 1875 et 1914, la population urbaine passe de 12 millions à 18 millions alors que la population totale reste pratiquement stable. En milieu urbain, le surpeuplement devient la règle. En 1906, 62% des personnes habitant des villes de plus de 5 000 habitants vivent à deux ou plus par pièce. De nombreuses enquêtes font alors état des conditions misérables d'habitat des ouvriers, avec des risques importants de propagation des épidémies
La tuberculose, la maladie du manque d'air et de lumière, fait à elle seule près de 100 000 morts par an.
Pour ceux qui vont donner naissance au logement social, il s'agit aussi de protéger la famille, pivot de la société, et donc de favoriser la natalité. Car, depuis 1890, toutes les analyses montrent une chute de la fécondité. En 20 ans, le taux de natalité est tombé de 25 à 19 naissances pour mille habitants en France avec une mortalité infantile qui touche un enfant de moins d’un an sur cinq.
A la veille de la première guerre mondiale, la "dépopulation" est vécue comme un véritable drame national.
Cette volonté d'améliorer la situation du logement n'est cependant pas dénuée d'arrière-pensées politiques. Pour lutter contre le socialisme naissant, la meilleure solution « est de combattre pacifiquement l'émeute » en rendant l'ouvrier propriétaire disait Napoléon III. « Celui qui possède ne veut pas abattre l'ordre existant », affirmait de son côté Jules Siegfried, le père des Habitations à Bon Marché. De plus, il faut « moraliser la classe ouvrière », lui apprendre l'épargne et lutter contre les deux « fléaux sociaux » que sont la syphilis et l'alcoolisme. Ainsi, les premières réalisations de cités ouvrières sont le fait d'industriels. Godin, premier producteur européen d'appareils de chauffage, les manufacturiers de Mulhouse, le chocolatier Meunier, les patrons de mines ou encore les grandes compagnies françaises de chemin de fer construisent des maisons pour leur personnel.